Publié le

Banque : qu’est-ce que l’avènement du « banquier entrepreneur » représente-t-il ?

“Le groupe BPCE (Banque Populaire et Caisse d’Épargne) va lancer l’expérimentation de « conseillers indépendants locaux » en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Le journal a pu lire ce document. En clair, ces conseillers ne seraient plus salariés de leur banque mais à leur compte.

Le secteur bancaire doit faire face à de nombreuses évolutions. Les banques en ligne concurrencent des groupes historiques, les agences sont vieillissantes notamment en milieu rural, des distributeurs automatiques cessent de cracher des billets et les métiers de la banque séduisent moins… Les banques doivent se réinventer. Le groupe BPCE (Banque Populaire et Caisse d’Épargne) a présenté le 30 janvier, en comité social et économique, son projet « Banquier & Entrepreneur » considéré comme  un tsunami dans le monde bancaire  par le président du syndicat national des banques CFE-CGC, premier syndicat du secteur en France.

« Aucun lien de subordination »

La Caisse d’Épargne et la Banque Populaire sont en train d’imaginer un nouveau mode de conseil bancaire. Et de plancher sur un nouveau modèle social. La BPCE doit faire face à deux défis :  difficultés pour fidéliser [ses] collaborateurs et attirer de nouveaux talents  et  désir exprimé par certains collaborateurs de créer une activité professionnelle en indépendant ».

Le groupe s’appuierait sur un réseau de conseillers indépendants qui continueraient à conseiller leurs clients sans avoir les charges salariales à supporter. Nommé « conseiller indépendant local », il serait mandataire exclusif de la Caisse d’Épargne.

Le conseiller percevrait une rémunération selon sa production (par exemple la signature d’un nouveau crédit) et sur des commissions. Une  surprime  pourrait compléter ce revenu fluctuant selon son activité. Ce conseiller d’un nouveau genre  organisera librement son temps et ses efforts , précise le document et  aucun lien de subordination  n’existera entre la banque et lui.

Le mandataire ne serait pas autoentrepreneur mais à la tête d’une SAS, société anonyme par actions simplifiée. Pour distribuer les produits de la banque, le conseiller devra avoir au moins trois agréments et avoir une expérience de deux ans comme cadre dans une banque ou chez un assureur.

Test dans trois agences fin mai

Pour le groupe,  ce projet pourrait renforcer notre présence en zone rurale  et  pourrait nous permettre de conserver notre empreinte territoriale lorsque nous ne pourrons plus maintenir une agence. 

Ce nouveau type de banquiers pose beaucoup de questions. Quelle sera l’influence de ce mode de rémunération à la commission sur la qualité du conseil prodigué ? Les données des clients seront-elles préservées ? Quelles conséquences sociales ? Des points sur lesquels la CFDT du groupe se dit  très vigilante . Le syndicat attend le rapport d’un cabinet d’experts qui doit  donner plus d’informations sur ce projet le 25 mars , explique une représentante syndicale. Pour l’heure, la CFDT  n’a pas de position dogmatique sur le projet.

Sollicitée, la Caisse d’Épargne ne souhaite pas  communiquer sur un projet qui n’a pas encore démarré . Pourtant, le calendrier a été élaboré avec un démarrage du test dans trois agences  en milieu rural  la dernière semaine de mai.”

(Source : “Banquier entrepreneur : un « tsunami dans le monde bancaire » en projet“, 18 février 2020, journal O-F)