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États-Unis : le marché (bancaire) américain se dirige-t-il vers un krach, après la chute d’une cinquième banque américaine en une année ?

Une nouvelle onde de choc se propage aux États-Unis, après la faillite de la banque Citizens située en Iowa. Il s’agit de la cinquième banque à faire faillite cette année sur le sol nord-américain. Pourtant, les médias européens sont tout à fait silencieux à ce sujet, à un point tel qu’aucune information n’est réellement parue à ce titre parmi les ténors des médias mainstream. La crainte d’un bank-run (c’est-à-dire une fuite massive de capitaux) motiverait-t-elle ce silence à grande échelle ? Quoi qu’il en soit, Scylla Investment analyse présentement les enjeux liés à l’état actuel du marché (bancaire) américain.

Un mur de faillites bancaires, selon les données de la FDIC

Lorsqu’il est question de difficultés financières en lien avec les (grandes) banques, l’obligation de « transparence bancaire » – au sens défini par la Banque des Règlements Internationaux (BRI) – fait bien souvent place à la loi du silence.

Bien que tout un chacun ait entendu parlé, en début d’année 2023, de la chute de la Silicon Valley Bank (SVB) dont les difficultés avaient étonnamment été évoquées haut et fort, il s’avère toutefois que beaucoup plus rares sont les personnes à pouvoir indiquer quelles sont toutes les banques – ne serait-ce aux États-Unis – à avoir fait défaut au cours de cette année.

En effet, l’enjeu est de taille, surtout lorsque les données fournies par l’organisme fédéral intitulé « Société Fédérale d’Assurance-Dépôts » (ou FDIC) montrent un nombre de défaillances bancaires ahurissant depuis la crise des subprimes (2007-2008). Pour rappel, cette dernière avait mené à la faillite de deux grandes banques américaines relativement connues : Lehman Brothers ainsi que Bear Stern.

Toutefois, la liste des défaillances bancaires aux États-Unis ne s’arrête pas aux deux banques précitées. Non, cette liste est longue, très longue, à tel point que plus de 540 faillites de banques sont recensées par la FDIC pour la seule période allant de début 2007 (début de la crise des subprimes) au 03 novembre 2023.

Grâce à ladite liste, intitulée « Failed Bank List » (ou « Liste des banques ayant fait faillite »), les données qui en sont extraites permettent de dresser un constat de la situation bancaire aux États-Unis depuis la fin des années 2000.

Voici le principal regroupement de données, issu des informations de la FDIC, mis en avant par Scylla Investment afin de rendre distinctement intelligible tout ceci :

  • 2000 : 2 faillites
  • 2001 : 4 faillites
  • 2002 : 11 faillites
  • 2003 : 3 faillites
  • 2004 : 4 faillites
  • 2005 : 0 faillite
  • 2006 : 0 faillite
  • 2007 : 3 faillites
  • 2008 : 25 faillites
  • 2009 : 140 faillites
  • 2010 : 157 faillites
  • 2011 : 92 faillites
  • 2012 : 51 faillites
  • 2013 : 24 faillites
  • 2014 : 18 faillites
  • 2015 : 8 faillites
  • 2016 : 5 faillites
  • 2017 : 8 faillites
  • 2018 : 0 faillite
  • 2019 : 4 faillites
  • 2020 : 4 faillites
  • 2021 : 0 faillite
  • 2022 : 0 faillite
  • 2023 : 5 faillites
  • TOTAL : 568 faillites (octobre 2000 au 03 novembre 2023)

En regroupant les données ci-dessus par catégories, trois périodes deviennent alors aisément identifiables avec la période pré-subprimes allant de 2000 à 2006 (24 faillites), la période subprimes allant de 2007 à 2013 (492 faillites) et la période post-subprimes allant de 2014 à aujourd’hui (52 faillites).

Augmentation exponentielle de la dette publique aux États-Unis depuis le XXIème siècle

Malgré le fait que des données fournies seules puissent constituer un indicateur utile, le fait de les croiser avec d’autres données permet de mettre en lumière de potentielles zones d’ombre.

Dès lors, il semble judicieux de faire un parallèle entre le véritable mur de faillites bancaires évoqué ci-avant et l’accroissement exponentielle de la dette publique des États-Unis au cours des vingt-cinq dernières années.

Graphique présentant « l’Encours de la dette publique des États-Unis entre 1990 et 2022 » (source : Statista)

D’après les données officielles fournies, la dette est donc passée de 3 140 milliards de dollars US (en 1990) à 31 000 milliards de dollars US (février 2023) puis 31 460 milliards de dollars US (début novembre 2023). Le constat selon lequel la dette publique aux États-Unis a été multipliée par 10 (c’est-à-dire une hausse de 900%) sur cette période donnée est, dès lors, sans équivoque.

Par analyse, cela représente une hausse annuelle moyenne de la dette US de 7,00% au cours de la période de référence indiquée.

Inflation davantage présente lors des dernières années

Parallèlement à la hausse de la dette publique lors de la période allant de 1990 à novembre 2023, il s’avère que l’inflation a également été galopante au cours de la même période.

Graphique présentant le « Taux d’inflation annuel aux États-Unis de 1990 à 2022 » (source : Statista)

D’après les données officielles fournies, l’inflateur cumulé sur la période donnée est ainsi de 91%, en incluant la donnée de 3,7% d’inflation pour 2023. Cela signifie que les prix ont, en moyenne, augmenté aux États-Unis de 91% depuis l’année 1990.

Par analyse, cela représente une hausse annuelle moyenne des prix US de 1,92% au cours de la période de référence indiquée.

La charge de la dette des États-Unis double en deux ans, avec des taux d’intérêts culminant désormais à 3%

Dans un article daté du 07 novembre 2023 et intitulé « Le projet de loi sur les intérêts de la dette américaine dépasse le milliard de dollars par an », le journal américain Bloomberg dresse un bilan sans détour en indiquant d’emblée que « les bons du Trésor américain pourraient être confrontés à de nouvelles pressions à la vente au cours de la nouvelle année, si l’on en juge par l’augmentation de la facture liée au remboursement de la dette du pays ».

Par ailleurs, le journal précise dans son article que « les paiements d’intérêts annualisés estimés en lien avec la dette du gouvernement américain ont dépassé les 1 000 milliards de dollars à la fin du mois dernier, selon l’analyse de Bloomberg. Ce montant a doublé au cours des deux dernières années ».

Graphique présentant les « Dépenses courantes du gouvernement fédéral : paiements des intérêts de la dette » (source : FRED – St Louis FED)

Les données fournies par la Réserve Fédérale de St Louis à travers le graphique ci-dessus, en date du 26 octobre 2023, confirment les propos émis par le journal Bloomberg puisque la charge des intérêts pesant sur la dette américaine fin octobre 2023 était de 981 milliards de dollars US, contre 510 milliards de dollars US début 2021.

Conclusions

Si les données officielles présentées et mises en perspectives dans cet article ne permettent pas de parvenir à une diatribe de manière catégorique eu égard à la situation identifiée aux États-Unis, elles constituent cependant un faisceau d’indicateurs solide permettant de mettre en garde tout un chacun contre un risque fort de défaillance aïgue du marché (bancaire) américain.

Avec plus de 500 faillites bancaires américaines depuis 2000, une augmentation de la dette publique par facteur 10 et une hausse des prix par (presque) facteur 2 entre 1990 et fin 2023, tout ceci cumulé avec une hausse drastique de la charge financière insoutenable réprésentée par les intérêts de la dette des États-Unis aux cours des dernières années, il devient évident de dire que le système (bancaire) américain est fortement enclin à connaitre des tumultes dont l’ampleur risque d’être délicate à contenir.

La situation est telle, que l’ordre du jour aux États-Unis est actuellement de tout faire pour éviter le « shutdown » ou la « paralysie budgétaire », c’est-à-dire le « défaut de paiement ». Ceci témoigne de la grande incertitude dans lequel le pays se trouve actuellement. Après la faillite de Birmingham, pourtant deuxième plus grande ville d’Angleterre, en septembre 2023, les (probables) incidents de paiements généralisés à venir à échelle des villes ou Nations occidentales ne seront aucunement de bon augure.

Enfin, bien que le contexte évoqué présentement concerne les États-Unis, la situation financière connue par les pays en Occident est loin d’être dithyrambique également. Il semble perspicace de garder en mémoire que tout évènement délicat d’ordre économique ou financier important se déroulant aux États-Unis affecte généralement tout autant le reste de l’Occident que les États-Unis pris isolément.