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« Icebreaker » : qu’est le projet de la BRI (Banque des Règlements Internationaux) en faveur des MNBC (Monnaies Numériques de Banque Centrale) ?

Dans un récent article, en l’occurrence en mars 2023, la Banque des Règlements Internationaux – connue sous le sigle BRI (ou BIS, pour « Bank for International Settlement » en anglais) – publiait l’information selon laquelle elle avait réalisé avec les banques centrales d’Israël, de Norvège et de Suède le projet dit « Icebreaker » (ou « Brise glace », en français).

D’après la BRI, ce projet consistait à étudier les supposés avantages – incluant les potentiels défis – relatifs à l’utilisation des Monnaies Numériques de Banque Centrale (MNBC) dans le cadre des paiements internationaux.

Plus précisément issu d’une collaboration entre l’unité nordique de la BRI concernant l’innovation, la Bank of Israel, mais aussi la Norges Bank ou encore la Sveriges Riksbank, ledit projet visait à tester la faisabilité technique quant à la matérialisation de transactions financières transfrontalières dans différentes devises et entre différents systèmes expérimentaux de MNBC dans le domaine de la vente au détail.

Comme le précise le rapport de la BRI, intitulé « Projet Icebreaker : Ouvrir de nouvelles voies pour les paiements transfrontaliers de vente au détail en MNBC » (en anglais, sur le site de la BRI), la volonté était de déterminer une manière spécifique permettant d’interconnecter les systèmes nationaux entre eux par l’intermédiaire d’une solution dite en « étoile ».

Cette solution consistait à diviser une transaction transfrontalière en deux paiements nationaux, ces derniers étant rendus possibles par un fournisseur de devises totalement actif au sein des deux systèmes nationaux. Ainsi, les MNBC n’ont jamais besoin de quitter leur propre système.

Actuellement, il s’avère que le payeur n’a pas le choix en ce qui concerne le taux de change et ce, dans la plupart des systèmes de paiement transfrontaliers existants. Cela se justifie par le fait qu’il n’a absolument aucun contrôle sur le fournisseur inhérent à la conversion de devises.

Or, dans le modèle relatif au projet « Icebreaker », un certain nombre de fournisseurs de services de change montétaire sont en mesure de soumettre des devis à la plateforme du système. Par la même occasion, cette dernière sélectionne alors automatiquement le fournisseur le moins cher pour l’utilisateur final.

Par conséquent, cette configuration de mise en concurrence entre différents fournisseurs atténue considérablement le risque d’insuffisance de liquidités au sein de la paire de devises souhaitée. Ce dernier cas constitue généralement, et actuellement, un facteur non négligeable d’augmentation des frais et des retards indubitables dans les transactions internationales.

Avec le système « Icebreaker », l’utilisation de monnaies-relais est rendue possible même dans le cas où les transactions entre deux devises spécifiques ne seraient pas disponibles, voire ne seraient pas favorables, ce qui accroit d’autant plus la concurrence entre les fournisseurs de devises étrangères.

En outre, il a également été démontré que le modèle en « étoile » pourrait contribuer à réduire le risque de défaillance de règlement et de contrepartie grâce aux paiements coordonnés en MNBC et à la possibilité d’effectuer des transactions transfrontalières en quelques secondes seulement.

Pour les pays qui envisagent de développer une MNBC nationale, le projet « Icebreaker » fournit donc un modèle préconçu tout en proposant des services innovants dans le cadre des transactions transfrontalières.

Pour les banques centrales qui envisagent le recours aux MNBC, les résultats du projet permettent de mieux appréhender les technologies pouvant être utilisées, de même que les choix techniques et politiques disponibles.

Parallèlement à cela, ledit projet présuppose des exigences techniques minimales, rendant ainsi possible l’intégration des systèmes nationaux utilisant présentement différentes technologies. Dès lors, tout ceci ira dans le sens d’une globalisation et d’une hyper-centralisation des flux incluant l’évolutivité, l’interopérabilité et la simplicité d’usage pour les responsables de ces entités.

Enfin, voici quelques propos tenus par des acteurs inhérents au projet en question régissant l’avènement prochain des Monnaies Numériques de Banque Centrale (MNBC) à l’échelle internationale :

Cecilia Skingsley, directrice du centre d’innovation de la BRI

Andrew Abir, Gouverneur adjoint, Banque d’Israël

Torbjørn Hægeland, directeur exécutif de la stabilité financière, Norges Bank

Aino Bunge, Vice-Gouverneur, Banque de Suède