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Médias : la toile d’araignée de la persuasion est-elle aux mains de quelques-uns ?

A l’heure où les politiciens occidentaux n’ont de cesse de dénoncer la propagande du côté russe, il est utile de regarder son propre champ avant d’aller pointer du doigt celui des autres. En ce qui concerne la France, le champ est d’ailleurs dans un pitoyable état.

Pour citer Coluche, dont les propos sont issus de son sketch intitulé “Les Journalistes” (date imprécise au cours des années 1970), “les journalistes disent toujours qu’on [humoristes] dit toujours que des conneries, mais maintenant je vais dire les leur.”

En toute impartialité, le fait de détourner l’attention afin d’occuper et/ou vendre “le temps de cerveau humain disponible” (selon Patrick Le Lay, ancien patron de TF1) des téléspectateurs n’est rien d’autre qu’une propagande déguisée. En outre, empêcher des personnes d’une zone géographique d’avoir accès à de l’information provenant d’une autre source (ex : interdiction de diffusion de RT France et Sputnik News) est également une propagande déguisée. Ce dernier point est valable dans toute l’Europe.

Pour couronner le tout, se permettre de critiquer négativement et ouvertement un conflit que l’on [Europe & États-Unis] soutien et alimente, notamment par des envois d’armes, témoigne, au mieux, d’une hypocrisie majestueuse et, au pire, d’une propagande sans détour.

Sachant que la définition du mot n’est pas commune pour tout un chacun, voici un rappel très précis de la définition du mot “propagande” issue du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) : “Action psychologique qui met en œuvre tous les moyens d’information pour propager une doctrine, créer un mouvement d’opinion et susciter une décision. Exemples : agent, esprit, film, instrument, ministère, revue, services, thème de propagande; active propagande; propagande (anti)communiste, électorale, gouvernementale, nationale, national(e)-socialiste.

Vous l’aurez très certainement compris, compte-tenu de la définition elle-même, la propagande est partout. Pour celles et ceux qui le souhaitent, Scylla Investment vous invite grandement à développer les recherches autour des notions de “Hard Power” (Puissance Forte = Autorité) et “Soft Power” (Puissance Douce = Persuasion) qui sont les deux grands modes d’action afin d’arriver à accroitre l’influence d’un pays à l’intérieur et/ou à l’extérieur de celui-ci et ce, par différents moyens (coercitifs ou non).

Afin de faire écho au précédent propos, il est d’ailleurs à signaler que les cinq pays glanant généralement les cinq premières places du Soft Power 30 (réalisé annuellement par le cabinet Portland et l’institut USC Center on Public Diplomacy, USA) sont occidentaux :

  1. France
  2. Royaume-Uni
  3. Allemagne
  4. Suède
  5. États-Unis

On observe également que la Chine et la Russie sont positionnées en bas de classement (respectivement 25ème et 30ème), ce qui signifie – en comparaison – que ces deux pays exercent moins de “Puissance Douce” que les cinq pays listés précédemment.

Pour précisions, la “Puissance Douce” (ou Soft Power) “désigne la capacité d’influence et de persuasion d’un État, d’une société multinationale, d’une ONG ou d’un groupe minoritaire auprès d’autres acteurs pour les conduire à penser de la même façon que lui ou à changer de comportement, de manière indirecte, en douceur, sans que ces autres acteurs aient l’impression d’y avoir été contraints”.

Il est donc aisé de vérifier, cabinet et institut américains à l’appui, que les pays (Chine et Russie) dont on décrie en Europe et aux États-Unis leur fonctionnement propagandiste sont, peut-être, en réalité moins propagandistes que ceux qui les décrient eux-mêmes.

Afin de mettre en perspective le présent propos, qui n’est qu’un mélange de faits et d’analyses officielles, il semble essentiel de relayer l’exhaustive infographie du Monde Diplomatique (en partenariat avec ACRIMED) intitulée “Médias français, qui possède quoi ?“. En effet, l’infographie en question montre la répartition de l’ensemble des médias français entre les mains de 37 personnes et/ou entités. Cela s’inscrit dans le cadre de “centralisation de masse” connu à l’échelle internationale, et plus vrai que jamais en France.

Peut-être que cet article ainsi que l’infographie ci-dessous aideront tout un chacun à opérer une prise de recul accrue dans un monde où peu de choses sont réellement ce qu’elles semblent être.

Infographie “Médias français, qui possède quoi ?” produite par le Monde Diplomatique & ACRIMED