« Vous êtes dans une belle galère !
Vous ne le savez pas encore mais vous êtes la génération Ninja : aucun revenu, aucun travail, aucun actif. Vous avez de quoi être motivé !
Quelqu’un m’a rappelé l’autre soir que j’ai déjà dit : “la cupidité est bonne”. Elle semble être légale aussi.
C’est la cupidité qui pousse mon barman à s’acheter 3 maisons qui sont au-dessus de ses moyens, sans mise de fond. C’est aussi la cupidité qui fait que vos parents ré-hypothèquent leur maison de 200 000 $ pour 250 000 $, puis prennent ce 50 000 $ d’extra et le dépensent au “mall” [équivalent américain des grandes surfaces].
Alors ils se paient une TV plasma, des téléphones, des ordinateurs, un SUV et pourquoi pas une seconde maison !
C’est connu de tout un chacun. C’est vrai, on sait tous en Amérique que le prix des maisons ne cesse de monter.
Et c’est la cupidité qui a fait que ce pays a abaissé le taux d’intérêt à 1% après le 11 septembre [2001], pour qu’on puisse consommer à nouveau.
Et ils ont des jolis termes pour les billions [milliers de milliards] de dollars de crédit : CMO [Obligation Hypothécaire Garantie], CDO [Obligation adossée à des actifs financiers], SIV (Véhicule d’Investissement Structuré], PCA [Analyse des Composants Principaux].
Ecoutez, je crois sincèrement qu’à peine 75 personnes au monde savent ce que c’est. Mais, je vais vous dire ce que c’est : des Armes de Destruction Massives (ADM).
Durant mon petit séjour [en prison], on dirait que la cupidité est devenue encore plus avide, avec une petite touche d’envie. Des gestionnaires de fonds se contentaient [avant] d’un petit 50 ou 100 millions par année, donc Monsieur le Banquier, regardant autour de lui, se dit : “j’ai une vie ennuyeuse”.
Il commence alors à se servir des intérêts comme levier, jusqu’à 40 ou 50 pour 1. C’est votre argent, pas le sien. Le vôtre ! Parce qu’il peut le faire. Vous êtes censés emprunter, pas eux !
Et la beauté de tout cela, c’est que personne n’est responsable, parce que tout le monde mange la même pomme empoisonnée.
L’année dernière [2007-2008], mesdames et messieurs, 40% de tous les bénéfices des sociétés provenaient de services financiers et non de production. Rien qui n’approche un tant soit peu les besoins de la population américaine !
La vérité, c’est qu’on en fait tous partie maintenant. Les banques et les consommateurs, on fait juste passer l’argent de gauche à droite. Le dollar en main, on le shoote aux stéroïdes : on appelle cela “l’effet levier”. [J’appelle cela] la finance sur les stéroïdes, quant à moi.
Dans le domaine de la finance, on peut dire que j’avais la côte. Et peut-être que je suis demeuré trop longtemps en prison, mais peut-être est-ce là le seul endroit où on peut rester sain.
On regarde à travers les barreaux et on se dit : “eh, est-ce que tout le monde est scinglé dehors ?”.
Je crois que c’est bien clair pour ceux qui portent attention. La mère de tous les vices, c’est la spéculation, [qui est] le levier des dettes ! En plus clair, c’est emprunter à l’excès.
Et je déteste dire ceci, mais c’est le modèle qui mène droit à la faillite. Cela ne peut fonctionner. C’est systémique, malade et c’est global. C’est cancéreux. C’est une maladie et on doit se défendre ! » (Source : G. Gekko, dans le film “Wall Street, l’argent ne dort jamais“, 2010)